
Nature curieuse
Il y a quelques années, j’ai eu le bonheur de passer des vacances à l’Isle-Verte. Mon souvenir de ce court séjour est des plus mémorables. Tout a commencé par une traversée sans voiture, car on se déplace à bicyclette sur l’île. J’ai encore la randonnée dans la tête, les paysages qui défilent de chaque côté. Les maisons colorées, les champs fleuris de mauve, de rose, de jaune. Le fleuve et le ciel qui se rejoignent à l’horizon, les petits fumoirs le long de la grève. Autant d’images qui représentent pour moi la beauté et la liberté et qui m’apaisent. L’île garde ce cachet patrimonial qu’on retrouve très peu dans les endroits visités par les touristes. On a le sentiment d’ouvrir une brèche dans l’espace-temps et d’y être suspendu, sans sentir le besoin de savoir la date et l’heure.
Quelques années plus tard, cherchant un sujet pour créer une œuvre pour le Rendez-vous des arts de St-Jean-sur-Richelieu, j’ai été inspirée par les photos de ce voyage. Elles me ramenaient à cette délicieuse journée de balade à bicyclette et à notre arrêt devant les moutons curieux qui venaient nous voir. Voilà le sujet de ma pièce Nature curieuse.
J’avais envie de créer une œuvre où le présent côtoie le passé, où la vie coule à travers l’héritage culturel, où le patrimoine résiste au temps. C’est pourquoi j’ai mélangé des techniques de courtepointe traditionnelle et moderne. Le centre est fait par assemblage de pièces de tissu de façon aléatoire, sans patron, tandis que les moutons sont fabriqués avec différents tissus et dentelles, puis appliqués. Je voulais que cette partie qui représente le présent et la vie soit figurative et très actuelle dans sa facture. Quant au contour, il est fait de blocs traditionnels pour refléter la conservation de l’île. C’est l’histoire de cette promenade à vélo racontée de façon abstraite et qui exprime ces belles images que j’ai encore en mémoire.